Le conseil de l’ordre des médecins du Var alerte sur un risque de désert médical à Toulon

FRANCE BLEU - 15/02/2021

Face à des départs à la retraite de médecins généralistes, en cascade ces deux dernières années, le conseil départemental de l’Ordre des médecins du Var s’inquiète d’une possible désertification médicale des quartiers ouest de Toulon. La situation n’est pas encore catastrophique, mais elle est très tendue dans le secteur. Car la dizaine de milliers de patients qui ont dû faire face à ces arrêts d’activité peinent à retrouver un praticien, en mesure de les prendre en charge. C’est encore plus vrai pour nos aînés, suivis exclusivement à domicile.

512 généralistes exercent sur le secteur de la Métropole toulonnaise. Les praticiens de plus de 60 ans représentent 35%. À Toulon sur les 155 médecins généralistes, 48% ont plus de 60 ans. En deux ans dans les quartiers Ouest de Toulon, ce sont douze médecins généralistes qui ont cessé définitivement leur activité. Plus généralement sur Toulon, les quatre dernières années, les treize départs n’ont pas été compensés par les six installations bien que la demande de soins soit en constante augmentation.

« Une situation qui s’explique par différents facteurs : le métier de médecin généraliste est de moins en moins attractif, car soumis à de plus en plus de charges administratives. La féminisation aussi de la profession en est une autre. Il y a certes de plus en plus de femmes inscrites à l’Ordre de médecins, mais de moins en moins qui choisissent la profession de généraliste. Et les jeunes générations ne veulent plus travailler toutes seules, et sont plus attirées vers des exercices de groupe » explique le Docteur Jean-Luc Le Gall, président du conseil départemental de l’Ordre des médecins du Var.

Chaque médecin suit environ 1.100 patients. C’est donc près de 12.000 patients qui ont dû s’adapter après la cessation d’activité de leur
médecin traitant dans les quartiers Ouest. « J’ai eu de la chance de trouver un docteur qui accepte les nouveaux patients, après le départ du
mien il y a quelques années. Car c’est compliqué de trouver dans les quartiers ouest » raconte Tony, accompagné de son épouse Martine dans
un cabinet du quatre chemins des Routes, à Toulon.


D’ailleurs dans ce cabinet de trois associés, le standard aurait de quoi surchauffer tellement il ne cesse de sonner. « Chaque jour, on a des demandes notamment concernant des patients qui sont suivis à domicile, des familles qui nous appellent en nous disant qu’elles ont déjà
contacté quinze médecins pour prendre en charge leur mère, grand-mère. On s’aperçoit vraiment qu’on a une fuite des médecins généralistes
disponibles sur le terrain » témoigne le Docteur Etienne Alliot, un des trois praticiens de ce cabinet situé dans les quartiers Ouest.

Des conséquences sur les confrères et sur les patients

Une fuite qui a des conséquences sur les médecins qui exercent toujours et évidemment sur les patients. « Sur les patients dont le médecin généraliste a cessé son activité, ils se retrouvent sans continuité de soins. Et pour les confrères qui acceptent ou qui sont encore en mesure de prendre des nouveaux patients, c’est une surcharge de travail et une responsabilité supplémentaire. IL ne faut pas oublier que la notion de médecin traitant, c’est un contrat entre le médecin et le patient. Et le médecin qui accepte de prendre un patient comme médecin traitant se doit d’assurer après la continuité des soins. À un moment, on se trouve confronté à une difficulté, c’est qu’un médecin ne peut pas non plus augmenter de façon indéfinie le nombre de patients qu’il a à prendre en charge » commente le Docteur Jean-Luc Le Gall.

Les journées sont en effet très chargées pour ces professionnels qui veulent évidemment ne pas passer à côté de quelque chose. ‘Nous sommes obligés en ce moment au milieu des consultations qui sont quand même axées Covid et vaccination, d’aller chercher des maladies chroniques ou de dépister des cancers, pour arriver à filtrer par rapport au tout venant notre travail habituel » résume le Docteur Etienne Alliot.

Toulon ouest, un désert médical “On connaissait le problème dans les zones reculées, dans le haut Var depuis des années. mais ce problème est en train d’arriver sur les secteurs urbains » s’inquiète le Président du CDOM duVar. « Ce qui se passe actuellement n’est que le début de ce qui va se passer. Et le processus va s’accélérer dans les prochaines années, nous serons de plus en plus seuls. Et Toulon ouest sera un désert médical » alerte le Docteur Alliot.

Car sur 155 médecins généralistes installés à Toulon, 48% ont plus de 60 ans. Et selon les projections, une centaine de médecins devrait prendre leur retraite sur la Métropole toulonnaise dans les cinq ans à venir.

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