Repérer des cancers du poumon à des stades précoces chez des personnes à risque, pour augmenter les chances de guérison: c’est l’objectif de la campagne de dépistage expérimentale qui va être lancée dans la région, dans le cadre du mois sans tabac.
Enfin! Des campagnes de dépistage ciblé du cancer du poumon vont débuter dans les départements de la Région Sud. Annoncée à la veille du mois de novembre – le mois sans tabac-, voilà une bonne nouvelle pour les gros fumeurs, confrontés à la fois au risque clairement identifié de développer un cancer du poumon et, jusqu’à présent, à une absence de propositions en matière de dépistage (largement explicable, lire c-contre).
Dans le Var, l’initiative a été portée par le P° Jean-Philippe Avaro, responsable du service de chirurgie thoracique-vasculaire à l’Hôpital d’Instruction des armées Sainte-Anne, à Toulon, dans le cadre du Conseil national de la refondation (CNR) consacré à la santé.
Validé par l’Agence régionale de santé (ARS Paca), le projet s’appuie sur les Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) du territoire de la métropole toulonnaise (), sur le pôle de médecine multidisciplinaire et oncologie du Centre hospitalier intercommunal Toulon-La Seyne dirigé par le D° Clarisse Audigier-Valette, pneumo-onco-logue, et s’étend à tous les protes-sionnels de santé – radiologues, oncologues… – intervenant dans la prise en charge des cancers du poumon.
Président de la toute jeune inter-CPTS varoise, le Dy Wilfrid Guardigli, détaille les contours de cette campagne innovante.
” L’idée n’est pas de proposer un dépistage à tous les fumeurs. Ce n’est pas un dépistage organise comme pour le cancer du sein ou du côlon, mais un dépistage individuel, ciblé, destiné aux patients à risque, c’est-à-dire les personnes entre 55 et 74 ans, qui fument ou qui ont arrêté depuis moins de 15 ans, et dont la consommation s’établit à 30 paquets-années. ”
Cette estimation de l’imprégnation tabagique est le produit de la quantité de tabac consommée chaque jour (en nombre de paquets) par la durée
d’exposition en année : le seuil de 30 paquets-années correspond à un paquet par jour pendant 30 ans, ou deux paquets par jour durant 15 ans, ou trois paquets par jour durant 10 ans.
Les médecins traitants en première ligne
La campagne de recrutement de ces patients va s’appuyer sur la médecine de ville, principalement les médecins généralistes, mais aussi les quelques pneumologues libéraux.
” Le médecin traitant proposera ce dépistage à ses patients cibles et s’ils sont d’accord, il leur remettra une ordonnance et les adresses pour qu’ils aillent faire un scanner à faible irradiation. En l’absence d’anomalies détectées, le parcours s’arrêtera là, le patient sera simplement invité par son médecin traitant à renouveler le dépistage un an plus tard.” En cas d’anomalie – “une anomalie n’est pas forcément un cancer ” , précise le D Guardigli -, le médecin généraliste pourra adresser son patient à un spécialiste, grâce à un système de prise de rendez-vous dédié, pour que les explorations soient poursuivies. C’est là qu’interviennent les services de I’HIA Sainte-Anne et de l’hôpital Sainte-Musse.
Dans le cadre du CNR, l’expérimentation doit se poursuivre durant un an. « Mais on continuera au-delà, affirme d’emblée le Dr Guardigli. Il y aura une étude, bien sûr, mais c’est d’ores et déjà un grand pas en avant en termes de sante publique. Il ne faut pas oublier que le cancer du poumon est une maladie longtemps silencieuse. Les symptômes n’apparaissent que tardivement, alors qu’une prise en charge précoce améliore très significativement le pronostic. »
CAROLINE MARTINAT
cmartinat@nicematin.fr